Approche médicamenteuse de l’obésité en France en 2021 : tour d’horizon
La prévalence de l’obésité continue d’augmenter dans le monde. Les derniers chiffres français disponibles font état de plus de 17 % d’adultes présentant une obésité en 2015, d’après les données de la cohorte ESTEBAN [1], chiffre à peu près stable depuis une dizaine d’années.
L’obésité est une maladie chronique aux multiples visages : de l’alimentation hypercalorique associée à la sédentarité… aux troubles du comportement alimentaire (TCA) sévères; de l’obésité androïde associée au risques métaboliques et cardiovasculaires… à l’obésité dite « métaboliquement saine » aux conséquences respiratoires et articulaires souvent sévères ; de l’obésité acquise tardivement à l’âge adulte… aux obésités génétiques plus rares de l’enfant… ou encore aux obésités secondaires (hypothalamiques, traumatismes psychologiques).
Devant ces phénotypes différents, la prise en charge thérapeutique difficile de l’obésité doit donc être individualisée. En première intention, les recommandations s’accordent sur une prise en charge multidisciplinaire, associant rééquilibrage alimentaire sans caractère restrictif pur, mise en place d’une activité physique adaptée et soutien psychologique, axé notamment sur les thérapies cognitives et comportementales en cas de TCA. La perte de poids est retenue comme significative si supérieure à 5 % et/ou associée à une amélioration des comorbidités. L’efficacité de ces modifications hygiénodiététiques sur le long terme reste cependant modeste [2] et peine à être maintenue sur le long cours [3]. C’est ainsi que la chirurgie bariatrique a pris une part non négligeable dans l’approche thérapeutique, permettant des pertes de poids plus spectaculaires bien que non dépourvues de risque : perte de 20 à 32 % du poids total en moyenne entre 1 et 2 ans selon le type d’intervention [4]. En France, plus de 60 000 chirurgies ont été réalisées en 2017 d’après les données du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI). Sur le plan pharmacologique, des médicaments ont été développés en exploitant les mécanismes suivants : réduire l’appétit, favoriser la dépense énergétique, limiter l’absorption calorique ; mais plusieurs de ces molécules ont été secondairement retirées du marché en raison de leurs effets secondaires, notamment cardio-vasculaires, sources de « scandales » sanitaires [5]. Les nouvelles molécules approuvées par les autorités américaines du médicament (Food and Drug administration : FDA) puis européennes (European Medical Agency : EMA) ces toutes dernières années l’ont été à la fois sur des données d’efficacité mais aussi de sécurité cardio-vasculaire de grande ampleur. Mais alors qu’en est-il des possibilités médicamenteuses pour lutter contre l’obésité en France en 2021 ?
Seuls deux traitements sont disponibles en France actuellement : l’orlistat (Xenical®) et le liraglutide (Saxenda®). En perspective, les données très récentes sur le sémaglutide et les agonistes du récepteur mélanocortine de type 4 (MC4R) ouvrent de nouveaux horizons.
M.Bretault, M. Hage